Un cadre (trop) strict pour la vidéoprotection intelligente
Les Jeux Olympiques verront l’utilisation de caméras augmentées pour la vidéosurveillance. Les restrictions posées par l’Etat remettent cependant en cause l’idée d’un « continuum de sécurité » entre le public et le privé.
La « loi olympique » a donné le feu vert à l’utilisation de la vidéoprotection intelligente. Cela devait permettre aux spécialistes français du secteur d’exposer leur savoir-faire avant et pendant les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris. Cet événement met en effet un vaste et lucratif terrain de jeu à la disposition des seules entreprises françaises spécialistes de la vidéoprotection dite intelligente qui ont été retenues dans les appels à projet.
Mais l’usage de ces technologies de pointe est strictement encadré dans le contexte sécuritaire sensible des Jeux. Sa mise en œuvre est placée sous la responsabilité du ministère de l’Intérieur qui met à disposition un échantillon d’images constitué sous sa responsabilité. Le décret du 28 août 2023 définit les fonctionnalités attendues (non-respect par une personne ou un véhicule du sens de circulation commun, présence d’une personne au sol à la suite d’une chute, mouvement de foule, etc.) et précise que seuls les représentants de l’Etat, gendarmes, policiers nationaux, etc., seront habilités à utiliser ces systèmes. Cela exclut les agents de la sécurité privée et porte par la même occasion un coup au « continuum de la sécurité » qui a fait couler tant d’encre ces derniers temps.
Obstacles à l’expérimentation
Faut-il voir dans ces restrictions une mainmise de l’Etat sur les technologies dites intelligentes sous l’influence de la CNIL ? Après avoir réglementé leur utilisation pour les Jeux, celui-ci pourrait encadrer les expérimentations dans le privé comme cela a été fait pour l’utilisation des caméras dans les lieux recevant du public. Le risque est que les entreprises ne puissent expérimenter leurs modèles qu’avec des « bacs à sable » fournis par la CNIL, les opérateurs de télésurveillance devant suivre une formation particulière, et les établissements faire des demandes d’autorisation spécifiques.